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Enseignements catholiques

L'expérience et l'intelligence de la foi


Homélie du 22 août 2021

Publié par Adechina Samson TAKPE sur 20 Août 2021, 13:13pm

Catégories : #Prédications

Homélie du 22 août 2021 (télécharger en format Word ou format PDF)

21ème dimanche du Temps Ordinaire — Année B

Première lecture: Jos 24, 1-2a.15-17.18b

Deuxième lecture : Ep 5, 21-32

Evangile : Jn 6, 60-69

 

Thème : Le choix de Dieu et le choix de l’époux/épouse

 

Introduction : la question du choix dans les 3 lectures du jour

Les textes d’aujourd’hui nous invitent à choisir.

Dans la première lecture, il s’agit de choisir entre Yahvé et les faux dieux.  Josué dit en effet à tout le peuple : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. » 

Dans la deuxième lecture, il s’agit du comportement à adopter à l’égard du conjoint ou de la conjointe qu’on a choisi(e).

Dans l’Evangile, il s’agit de choisir entre Jésus ou partir, c’est-à-dire ne pas le choisir :  "À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : 'Voulez-vous partir, vous aussi ?' Simon-Pierre lui répondit : 'Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu'. »

On peut rassembler le choix de Yahvé dans la première lecture et le choix de Jésus dans l’Evangile sous le thème du choix de Dieu, et ainsi nous avons deux sous-thèmes pour aujourd’hui : le choix de Dieu puis le choix du conjoint ou de la conjointe.

 

  1. Le choix de Dieu dans la première lecture et l’Evangile

Depuis le jardin d'Eden, le choix de Dieu reste l’objet principal du combat spirituel. Nous avons à choisir entre Dieu et satan, entre Dieu et le monde, entre Dieu et nous-même. Mais qu’est-ce qui rend ce choix difficile ? C’est que nous ne sommes pas toujours sûrs que Dieu veut notre bonheur, que ses commandements et ses prescriptions n’ont d’autre objectif que notre plus grand bien. Si nous avions la ferme conviction que Dieu ne veut que notre bonheur, que Dieu ne peut pas nous appeler à le servir pour nous rendre moins heureux, plus rien ne nous empêcherait de le choisir et de persévérer dans notre choix. Mais la ruse du malin est de nous faire croire que Dieu s’oppose à notre bonheur, que ses commandements nous empêchent d’être libres et de nous épanouir. Alors qu’en réalité, si Dieu a créé, c’est pour partager son bonheur, sa liberté et sa joie. Et s’il nous demande quelque chose, c’est pour nous rendre plus libres et plus heureux. Mais une autre raison nous pousse à choisir Dieu : c'est que Lui le premier nous a choisis.  D’abord à travers l’appel à l’existence. Considérons la chose d'un simple point de vue biologique. Lorsqu'un homme et une femme s'unissent, il y a environ 180 millions de possibilités d'êtres humains. Et dans tout ce monde, c’est toi que Dieu a choisi(e). Il t’a préféré(e) aux autres 179.999.999 possibilités restantes. Il les a, pour ainsi dire, sacrifiées pour toi. Ainsi se vérifie la parole : "Du fait que tu vaux cher à mes yeux, que tu as du poids et que moi je t'aime, je donne des hommes en échange de toi, des populations en échange de ta personne." (Is 43, 4). Alors rends grâce à Dieu, et choisis-le toi aussi. Ensuite, l’appel à être chrétien : la population mondiale avoisine actuellement 8 milliards d’habitants. Sur les 8 milliards, il y en a environ 5 milliards qui ne sont pas encore chrétiens et ne sont donc pas encore parvenus à la plénitude de la révélation de Dieu en Jésus Christ. En te faisant la grâce d’être chrétien, Dieu t’a fait une grâce que 5 milliards d’hommes et de femmes n’ont pas encore reçue. Et cette grâce, c'est la vie éternelle, selon cette parole même de Jésus : "La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé : Jésus Christ." (Jn 17, 3). Rends donc grâce à Dieu et choisis-le toi aussi. Mais choisis-le exclusivement, sans mélange et sans alliage. Dieu veut en effet un choix radical et exclusif, ferme et sans retour. Il n’aime pas les gens tièdes, les gens indécis. Le fait même d’hésiter entre Dieu et autre chose constitue une injure pour sa grandeur, car c’est comme si on établissait une égalité entre lui et l’autre chose, puisqu'on hésite, alors que Dieu est incomparable. En plus de l'appel à l'existence et de l'appel à être chrétien, les mariés doivent aussi ajouter l'appel au mariage, et les prêtres l'appel au sacerdoce ministériel comme choix de Dieu et signe de sa prédilection à leur égard. Alors, tous découvriront combien ils sont privilégiés devant Dieu. Car il y a tant de personnes qui auraient aimé pouvoir servir Dieu en tant que prêtre et n'y sont point appelées ; il y a tant de personnes qui auraient aimé pouvoir se marier et, pour une raison ou une autre, ne le peuvent pas. Tout cela, c'est le mystère du choix de Dieu qui nous choisit pour que nous puissions, à notre tour, mieux nous décider pour LUI.

 

  1. Le choix du conjoint ou de la conjointe dans la deuxième lecture

Par rapport aux conjoints, je voudrais d’abord faire comprendre le symbolisme de la tête. C’est la première fois que l’esquisse d’une véritable théologie du mariage (5,22-33) apparaît dans la tradition paulinienne. La communion conjugale entre homme et femme chrétiens devient non seulement le reflet de l’amour du Christ à l’égard de l’Eglise ; elle y trouve son fondement et son inspiration.[1] Dans ce contexte, il serait illégitime, en ce qui concerne la vie de couple, de prendre prétexte de la comparaison introduite dans Ep 5, 23 pour inférer une correspondance symbolique stricte entre « le « Christ » et l’ « homme [marié] » d’une part, et de l’autre, entre « l’Eglise » et la « femme ». L’Eglise, "faite d'un double élément humain et divin" (LG 8), inclut nécessairement le Christ, de la même manière que le corps humain comprend nécessairement la tête. Or ce n’est pas du tout le cas de la femme par rapport à son mari : personne ne songerait à définir la femme comme le corps d’une tête ! Par ailleurs, l’homme prend soin de sa femme « comme » de « son propre corps » (5, 28), c’est une analogie entre deux réalités différentes. Alors que le Christ prend soin de l’Eglise qui est « son corps » (5, 30), une seule réalité symbolique humano-divine ! De ce point de vue, la comparaison paulinienne est juste formelle. Dans le fond, il y a une "relation mutuelle époux–épouse" comparée à une "relation plus que mutuelle Christ–Eglise". Théologiquement, on parlerait de transposition symbolique. Le lien « plus-que-conjugal » et mystérieux qui unit le Christ à l’Eglise, voire Dieu à l’humanité, la relation du Christ à l’Eglise amorcée au moment de l’incarnation puis exprimée au superlatif dans l’événement de la croix (5, 25), sert à éclairer et à révéler le sens profond du mariage. Entre le Christ tête (notion théologique transculturelle) et le mari tête (notion sociologique dont l'interprétation peut varier selon les cultures), il y a une différence essentielle mais une nécessaire similitude de charité et d'appartenance. La métaphore de la tête suggère donc non pas l’idée de primauté ou de domination, mais plutôt celle de responsabilité et de don de soi.[2]

Revenant au schéma de sélection à choix multiples adopté dans la première partie, on noterait concrètement : Il y a environ 4 milliards d’hommes sur la terre. En te choisissant comme mari, ta femme t’a préféré à 4 milliards d’hommes, tu n’as pas le droit de la rendre malheureuse. Il y a environ 4 milliards de femmes sur la terre. En te choisissant comme épouse, ton mari t’a préférée à 4 milliards de femmes, tu n’as pas le droit de le rendre malheureux. Mariés, dites-vous que vous avez le devoir de rendre votre partenaire plus heureux ou plus heureuse qu’il ou elle l’était sans vous. Pour ceux qui n’ont pas encore de femme et qui veulent en avoir, sachez que vous avez une lourde responsabilité : vous n’avez pas le droit de choisir une femme que vous allez rendre malheureuse ou moins heureuse qu’elle l’était sans vous. Pour vous qui n’avez pas encore de mari et qui voulez en avoir, sachez que vous avez une lourde responsabilité : vous n’avez pas le droit de choisir un homme que vous allez rendre malheureux ou moins heureux qu’il l’était sans vous. Toutes les prescriptions que Saint Paul donne dans la deuxième lecture ne visent pas autre chose que cela : rendre l’autre heureux ! C’est ce que Jésus a fait pour l’Eglise qui est son Epouse. C’est ce qu’il a fait pour chacun de nous en particulier. Pour que nous soyons heureux, Jésus a payé le prix le plus fort. Il s’est livré et a souffert jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. Si pour rendre ta femme heureuse, tu dois aller jusqu’au sacrifice de ta vie, tu es sur le bon chemin. Si pour rendre ton mari heureux, tu dois aller jusqu’au sacrifice de ta vie, tu es sur le bon chemin. Que tu sois marié(e) ou pas, si pour rendre ton prochain heureux, tu dois risquer ta vie, fais-le. C'est ce que Jésus a fait pour nous et c'est ce qu'il est venu nous enseigner : l'amour du prochain jusqu'au don de sa propre vie. 

Conclusion : Dieu nous invite aujourd'hui à 1) nous décider et à choisir : notre monde est rempli de gens indécis et irrésolus, indécis parce qu'ils ne savent quoi choisir dans la surabondance de possibilités que la société leur offre ou tout simplement parce qu'ils ne veulent pas se contenter d'un seul choix. 2) faire le bon choix : le bon choix, c'est Dieu, l'Eglise et le prochain. Chaque fois qu'en lieu et place, nous choisissons satan, le monde ou nous-même, nous courons des risques. 3) persévérer dans notre choix : parce que seul "celui qui aura persévéré jusqu'à la fin sera sauvé" (Mt 24, 13). L'inconstance, quant à elle, nous fait perdre les meilleurs fruits de nos meilleurs commencements.

Que l'Esprit Saint nous éclaire et nous fortifie afin que nous puissions nous décider, opérer les bons choix et y persévérer. Amen !

 

[1] Camille Focant, Daniel Marguerat (dir.), Le Nouveau Testament commenté, Paris, Bayard, 2012, p. 865.

[2] Marc Girard, Symboles bibliques. Langage universel. Pour une théologie des deux testaments ancrée dans les sciences humaines, Paris, Médiaspaul, 2016, p. 1202-1203.

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