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Enseignements catholiques

L'expérience et l'intelligence de la foi


Témoignage de Mgr Antoine GANYE au Père André AFOUNANA

Publié par Mgr Antoine GANYE sur 13 Novembre 2021, 21:40pm

 

L'âme du Père André BALLE AFOUNANA s'est envolée au ciel comme une colombe ce 25 Mai 2005 autour de 12 heures. Il fut l’apôtre des pauvres et un très grand pacificateur. Je l’ai connu depuis 1954-1955 dans cette maison dénommée le ” Petit Clerc de Ouidah” où nous fîmes chemin ensemble vers le Sacerdoce avec quelques deux années de différence. Revêtu du Sacerdoce du Christ le 03 Janvier 1970, je l’ai vu travailler en vaillant combattant du Christ. A Sokponta, Bantè, Dassa, pour ne citer que les principaux postes, il s’est révélé un vrai prêtre de Jésus Christ aimant ceux que le Seigneur lui confiait par les soins de l'Evêque. On le voyait plein de zèle dans la mission qui était la sienne. André AFOUNANA aimait son Sacerdoce et s'était efforcé à rester fidèle aux exigences de sa consécration. Il était compréhensif des difficultés des autres. Ceci l’amenait à se pencher sur le sort des pauvres et des plus pauvres de chaque paroisse qu'il a eu à diriger. Tout ce qu’il possédait, il les donnait aux pauvres, aux démunis, aux déshérités, ne tenant pas compte de sa personne. Il préférait servir les autres et se trouver dans la gêne.

C'était un plaisir pour lui de faire la collecte des vivres pour nos séminaires et il se faisait un devoir de les répartir et de les porter lui-même dans chaque Séminaire, ce qui lui permettait d’être en contact avec les séminaristes de son Diocèse. Quoique Prêtre, André AFOUNANA avait quelque prédilection pour les travaux des champs. Partout où il passait, il se faisait attribuer des terres à labourer pour subvenir à sa propre subsistance, à celle des enfants qui désiraient rester avec lui. En sa compagnie, les enfants se sentaient naturellement à leur aise. Avec le Père André AFOUNANA, on respirait la paix, la quiétude. Il était l'ami de tous. N'oublions pas qu’il fut un excellent chasseur. Il aimait le gibier non pas pour lui-même mais pour les autres.

Aucune race, aucune ethnie ne lui était étrangère. C'était un homme de l'entente, de la cohésion qui pratiquait effectivement une fraternité sans frontière. Je l'ai connu tel depuis 1954-1955 à Ouidah. Dans ce sens, il n’était pas toujours compris dans ses prises de position ni dans ses propositions. C'était un confrère exceptionnel, ouvert à l'unité des peuples et à la culture des autres. Au nom de cette conviction, il effectuait des voyages au Nigéria pour découvrir les vraies origines du peuple Idaasha. Ses recherches étaient concluantes. Apôtre de l'unité, il était convaincu qu'un peuple ne peut vivre en autarcie sans le risque de s’asphyxier. Il a cherché avec détermination à savoir le grand ensemble d’où est issu le peuple Idaasha, le grand ensemble qui a donné naissance à l'unité ethnique que constituent les Idaasha. Nous n’avons pas eu les conclusions de son travail mais il a accompli une œuvre scientifique ; et quiconque, dans son agir, adopte une attitude scientifique, cherche à travailler pour la postérité dans la vérité avec souci de crédibilité. Le Père André nous a démontré de cette manière qu’il aimait son Peuple et voulait qu’il aille de l'avant, non recroquevillé sur lui-même mais ouvert sur les autres valeurs.

Cet amour de son peuple, il l’a toujours gardé dans son cœur ; c'est ainsi qu’il nous enseignait des chants récréatifs en langue idaasha alors que nous étions ensemble dans la maison des ‘ Petits Clercs”, des chants dont je comprends mieux le sens aujourd’hui que je réside au milieu de ce peuple. Le Père André BALLE AFOUNANA avait bien conscience également que tous les fils et filles du Diocèse de Dassa-Zoumé, répartis en six peuples : Isha, Ifè, Lozin, Shabè, Mahi et Idaasha, sont appelés à l'unité. Ils sont fils d'Abraham, fils de Dieu et donc fils du même Père appelés à se comprendre, à collaborer et à grandir ensemble chacun selon la spécificité de sa culture. Il savait que l'unité de ces différents peuples est un capital inestimable pour le développement intégral.

C'est un devoir de mémoire que nous accomplissons pour notre ami André espérant que ses prières tomberont en pluie de grâce sur ces semences qu’il a mises en terre, mieux, qu'il a déposées dans nos cœurs. La promesse de ces semences porte sans doute ses fruits que nous attendons dans l'espérance. Que notre ami André BALLE AFOUNANA repose en paix et intercède pour nous !

 

Mgr Antoine GANYE

Evêque de Dassa-Zoumé

(Texte publié le 10 juin 2005)

 

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